Le réchauffement climatique a des effets sur l’immobilier – on s’en doute – et cela même dans des zones urbaines inattendues : ainsi, depuis quelques décennies, les numéros impairs de l’avenue des Champs-Élysées, les trottoirs à l’ombres, coûtent plus cher que les numéros pairs.

Traditionnellement, ces derniers numéros aux trottoirs ensoleillés ont toujours coûtés plus chers à la location, à des prix qui faisaient des Champs-Élysées la troisième avenue la plus cher au monde, peu avant les années 20. Les espaces commerciaux situés sur les numéros impairs étant minorés de 30 à 40% de la valeur locative des trottoirs d’en face.

Puis, du fait du réchauffement climatique, les platanes sont morts, cuits. C’était à la fins des années 20. Ils ont été remplacés par les eucalyptus qui n’ont guère duré. A peine plus de deux décennies. Ils ont subit le même sort que les platanes. Les températures dans la capitale française ont atteint des seuils que seuls les plus pessimistes osaient envisager. Finalement, les actuels palmiers n’offrent guère d’ombre aux touristes et aux riches chalands qui font la richesse de “la plus belle avenue du Monde”.

Au gré de ces changements arboricoles, les trottoirs à l’ombre ont eu de plus en plus de succès : les passants appréciant l’ombrage que leur offraient des façades centenaires. Ce mouvement de bascule a été accompagné par des tons de peaux de plus en plus claires : au fur et à mesure que les températures augmentaient, la mode ayant remis aux goûts du jours les teins de lait, chers aux coquettes cérusées du XVIIIe siècle !

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les propriétaires fonciers des numéros impairs des Champs-Elysées se seraient tout à fait accommodés de ce nouvel états de fait, d’autant que la mairie de Paris a toujours interdit les projets qui risquaient de modifier la perspective de ce site historique conçu sous Napoléon 1er et légèrement modifié au moment de l’exposition universelle de Paris, en 1900. Parmi les projets les plus décriés avaient été imaginés des pare-soleil posés sur les toits du coté impairs au seul bénéfice des trottoirs du coté pair, leur offrant ainsi l’ombre tant souhaitée.

Finalement, la perspective de “la plus belle avenue du Monde” a bien été changé. Mais de manière concertée et équilibrée sur un plan architectural : après la place des Terreaux à Lyon, après le quartier Montorgueil à Paris et comme bien d’autres rues et quartiers de part le vaste monde, l’avenue des Champs-Elysées va être couverte et climatisée de manière passive. Le côté pair de l’avenue bénéficiera de l’ombre souhaitée, quant au côté impair, il recevra un surcroît de lumière grâce à un système de réflecteurs. Tous ces dispositifs ont été astucieusement intégrés à une structure arachnéenne qui, entre la place de l’Etoile et la station Franklin D. Roosevelt, reprend les codes architecturaux Eiffel.

Reste à savoir quels impacts auront ces aménagements pharaoniques sur un immobilier parmi les plus spéculatifs de la planète. Fera-t-il perdre son avantage locatif au côté impair ? Verra-t-on enfin les prix devenir indifférenciés sur les deux trottoirs de l’avenue ? Et les Champs-Elysées vont-ils encore gagner quelques places au palmarès des lieux les plus chers de la planète ? Wait and see…

4 juil. 2017