Olivier est un des invités du numéro 6 du magazine Ecko*. A consulter en ligne sur le site du magazine (www.ecko-mag.com), à lire en version papier pour les chanceux de Bourgogne et à compulser ou à télécharger en version pdf ici : https://issuu.com/ecko-magazine/docs/6eckomag_issuu

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« Dis-moi ce que tu consommes, je te dirai quel avenir tu te prépares » pourrait tout aussi bien dire le prospectiviste…


Musique : Clément Parent

Le catalogue des moyens de transport de demain raconte une histoire des sciences à venir, de l’accessible jusqu’à l’improbable. Petit rappel : se déplacer implique toujours une dépense d’énergie. Les enjeux de la modernité face aux défis climatiques nous le rappellent tous les jours : l’accès à l’énergie au moyen des carburants fossiles a grandement participé aux dérèglements climatiques qui sont désormais une réalité.

Mais envisager une mobilité verte ne résout pas pour autant le problème de la production de cette énergie. Parcs d’éoliennes, usines marée motrices, fermes de panneaux solaires, géothermie, fusion nucléaire… le mixe énergétique reste à être construit, à être consolidé… avec, dans les véhicules, une révolution technologique qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, celle des batteries, des accumulateurs. Car, demain, le consommateur pourrait bien demander à disposer d’un accès à l’énergie avec la même facilité que celle qu’offrent les énergies fossiles : un plein vite fait avec un accès « explosif » dans un volume restreint et avec un poids le plus petit possible.

Pour se déplacer, il faut dépenser de l’énergie

Pour relever les défis climatiques, on peut aussi augmenter le rendement des moteurs, on peut réduire les résistances et autres frottements… C’est ce que se disposent à faire les Airbus et d’autres constructeurs avec leurs taxis volants ou Elon Musk avec son Hyperloop.

En ce qui concerne l’Hyperloop, ce super TGV dans lequel tous les efforts se concentrent pour atteindre de très grandes vitesses (on parle de vitesses pouvant être le triple ou même le quadruple des actuels TGV), les wagons flottent sur un champ magnétique, dans un tube étanche où le vide a été fait, deux dispositions réduisant radicalement les frottements donc la consommation énergétique. Mais, au moment où la France s’interroge sur l’avenir de son service public ferroviaire, la SNCF, il est légitime de poser la question du profil des territoires de demain que dessinent de telles moyens de transport : aujourd’hui, TGV, demain, Hyperloop : en privilégiant des liaisons ultra rapides inter-métropoles, ne décide-t-on pas l’arrêt du développement des zones rurales, au profit de mégapoles en voie d’émergence ?


Dans le cas des drones taxis, il s’agit d’appliquer à échelle humaine des technologies développées sur des systèmes de quelques grammes à destinations militaires ou ludiques. Et pour utiliser ces appareils nul besoin de passer un brevet de pilotage : si le drone taxi n’est pas tout simplement autonome, on sera néanmoins assisté par des IA, seuls dispositifs techniques capables de gérer les paramètres de vol et la complexité que sera à terme un trafic en milliers d’engins se déplaçant dans les trois dimensions de l’espace.

L’IA doit encore faire ses preuves

La notion d’autonomie évoque bien évidemment les voitures autonomes tellement à la mode dans les médias. Dernièrement, elles ont pris un peu de plomb dans l’aile avec le premier accident mortel impliquant un véhicule autonome, une voiture de test Uber, qui accumulait les kilomètres, aux USA. Cet accident peut inciter à la réflexion : l’autonomie doit-elle s’appliquer à des véhicules individuels et privés ou faut-il ne les envisager qu’en flotte, naviguant en essaim, dans des rails virtuels plus ou moins contraints, comme une évolution N+1.0 des transports en commun ? Mais ces futurs transports en commun, sauront-ils en capacité de répondre aux attentes de la périurbanisation et de la ruralité ?


Au-delà des drones taxi, on verra peut-être un jour des ailes volantes parcourir le ciel sans jamais plus se poser sur le plancher des vaches. Ces ailes géantes, hybrides de dirigeables, tapissées de panneaux solaires à haut rendement (les nanotechnologies appliquées au photoélectrique promettent des rendements bien supérieurs à ceux de nos actuels panneaux solaires) seront alimentées par des batteries légères pour les vols de nuit, d’où la nécessité de la révolution des accumulateurs. Ces géants des airs étant desservis par de petits avions électriques ne faisant que de courtes navettes au passage des ailes volantes qui, sans fin, quadrilleront le ciel de la planète. En attendant cet avenir, des assistances électriques sont d’ors et déjà envisagées sur les moteurs d’avion actuels afin de réduire bruit et pollution au décollage, moment le plus “énergivore” d’un vol. Ces projets gargantuesques répondront aussi bien aux attentes sociales d’une frugalité énergétique qu’à une mobilité à l’échelle du village planétaire. Mais, à l’aube de crispations souverainistes, ne seront-ils pas sur dimensionnés par rapport à un marché qui porte en lui un risque de décroissance pour des raisons écologiques ?

Au delà du ciel : l’Espace attend-il l’humanité ?

Toujours plus vite, toujours plus haut… pris dans son élan, l’humanité pourrait bien un jour sortir de la sphère de son écosystème pour partir à la conquête des étoiles… enfin, des planètes du système solaire, dans un premier temps. On l’a dit : se déplacer c’est consommer de l’énergie. Dans l’espace, cette réalité aura de grands impacts tant les distances interplanétaires sont grandes. Mais avant d’en arriver là, il y a un énorme effort énergétique à consentir : celui d’arracher à la gravité terrestre les matériaux nécessaires à la construction des infrastructures industrielles minimums pour amorcer la pompe de l’urbanisation de l’Espace. Avec les fusées actuelles, il faut 50 kilos de “fusée” pour mettre en orbite 1 kilo de fret… il faudra donc un certain nombre de vols à destination de l’orbite terrestre avant que l’Espace produise plus qu’il ne consomme !

Que l’on reste à proximité de la Terre où qu’on aille plus loin, bien plus loin, dans l’Espace plus ou moins profond vers, par exemple, les points d’équilibre gravitationnel, dits points de Lagrange, ou bien que l’on aille en orbite d’autres planètes, les moteurs des futurs vaisseaux interplanétaires de l’humanité sont encore à concevoir. Même des projets tels que l’EM Drive, ce réacteur à micro ondes qui semblent violer les lois de la physique, doivent encore faire leurs preuves. Enfin, si on s’installe sur d’autres planètes, interviendra à nouveau le coût énergétique nécessaire pour s’arracher du puits gravitationnel de ces planètes afin de revenir de vers l’Espace. Mars, pour ne parler que d’elle, cette planète qui fait tant rêver Elon Musk, a une gravité qui représente les deux tiers de celle de la Terre, donc, avec nos moyens actuels, il faudra à nouveau l’équivalent de 33 kilos de “fusée” pour ramener vers l’Espace un kilo de fret, matériel ou humain… avant d’envisager quelque destination que ce soit ! Cette distinction énergétique d’accès à l’espace et donc d’accès à l’ensemble des territoires humains outre-Terre, que l’on parle de planètes urbanisées ou de l’Espace colonisé au moyen de stations spatiales, pourrait bien, un jour créer deux “espèces” humaines : les “planétiens” et les “spatiens”, suivant que ces humanités sont prisonnières ou non d’un puits gravitationnel.

A la conquête des étoiles : des défis technologiques lointains et incertains

On pourrait maintenant parler d’une humanité qui cherche à sortir du Système Solaire, à la conquête d’autres étoiles susceptibles de posséder, au sein de leurs orbites, une jumelle de la Terre. On pourrait envisager des vaisseaux générationnels, dans lesquels une communauté vivrait, de génération en génération, le temps d’un voyage vers un hypothétique nouvel Eden… On pourrait tenter de construire des monstres de technologie conçus pour atteindre des vitesses substantiellement proche de la vitesse de la lumière. A ces vitesses, à bord de ces machines, les humains embarqués subiraient néanmoins un décalage de temps par rapport à leur port d’attache : à bord, le temps s’y écoulant plus lentement que sur Terre. C’est Einstein qui le dit, avec sa théorie de la Relativité !

Mais, en s’engageant résolument au delà du Système Solaire et tout aussi résolument vers l’improbable d’une mobilité accessible à une humanité du futur, on pourrait finir en évoquant deux éventualités lointaines, très lointaines. La première concerne un projet étudié plus ou moins sérieusement par la NASA, la propulsion Alcubierre, un projet de distorsion de l’espace-temps qui permettrait de se déplacer au delà de la vitesse de la lumière, le vaisseau spatial surfant au cœur d’une vague de l’espace-temps à la conquête, non plus des planètes proches mais bien des étoiles et de la galaxie… bien que pour le moment tout cela reste à l’état d’équation. De plus, les calculs l’annoncent, la déformation de l’espace-temps requièrera des quantités d’énergie que nous ne seront pas en mesure de produire avant de nombreuses décennies, voire de nombreux siècles. Bien que, en termes de développement, cette évaluation ne tienne pas compte des facteurs d’accélération que seront, sous peu, l’IA et l’informatique quantique.

L’avenir de la mobilité : de l’accessible à l’improbable

Enfin, avec un niveau d’improbabilité au moins équivalent voire supérieur au déplacement par distorsion, on pourrait évoquer la possibilité de téléportation de la matière. Celle-ci repose sur l’application à grande, très grande, immensément grande échelle d’une expérience réalisée en laboratoire : celle de la transmission d’une information (par exemple, une caractéristique d’une particule élémentaire) sans transmission d’énergie, en se servant, pour faire très simple, de capacités de la matière à l’échelle quantique, l’échelle de l’infiniment petit, qu’on appelle l’intrication quantique (on pourrait aussi évoquer l’effet Zénon). Cette propriété décrit la relation de deux particules dites intriquées qui même séparées d’une distance immensément grande restent liées au point que si l’on change l’état de l’une, l’autre prend instantanément l’état provoqué de la première. A partir de là, tout devient possible même si les choses se compliquent à l’infini. Si on sait téléporter un photon, on sait téléporter de la matière. Mais d’un photon à un être humain, il y a un gouffre à franchir sachant qu’un être humain, mesuré en termes d’information pèse environ 60 zettabytes, c’est à dire 60 suivi de 21 zéros, soit l’équivalent de 60 000 milliards de films, définition plutôt restrictive de la nature humaine ! Autant dire que le niveau d’improbabilité de voir un jour la téléportation “à la Star Trek” fonctionner tend vers l’infini. Mais… ne jamais dire jamais : l’histoire est pleine de solutions improbables avant leur mise en œuvre !

De l’accessible à l’improbable, ce tour d’horizon de la mobilité de demain montre finalement que les champs de recherche de l’humanité restent infinis… Pour, un jour, pouvoir développer tous ces moyens de transport au service des femmes et des hommes de demain, il faut juste, aujourd’hui, ne pas buter sur le pas de porte de l’avenir en commençant par relever les défis climatiques qui s’imposent à notre temps par leur urgence  et qui préserveront définitivement la planète Terre, le véhicule à bord duquel nous voyageons au cœur de l’Univers.


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21 mai 2018