LES FILS DE L’HOMME ou « La pandémie n’est pas qu’un cygne noir… » | Ce que la SF nous dit sur demain

Nous allons disparaître !

Je ne vous parle pas de la mort qui attend chacun de nous, je vous parle d’un lent déclin, inexorable, à l’image d’un village qui se dépeuple progressivement est qui voit un jour son dernier habitant disparaître. Ce village c’est le monde et l’humanité n’existera plus d’ici 50 ans environ, le temps que les derniers survivants disparaissent. Ce qui signifie que d’ici 2070 l’humanité aura cessé d’exister ! Nous entrons dans la période des derniers Hommes, nous sommes les derniers des Hommes… La raison n’est liée ni aux guerres, ni à une quelconque invasion extra-terrestre, elle est très simple : baisse de la qualité du sperme des hommes, engendrant de moins en moins d’enfants, puis plus du tout à partir des années 2020. Au moment où j’écris ces lignes, je ne verrai sans doute pas la fin de l’espèce humaine… Voilà l’histoire que raconte PD James dans son livre « les fils de l’Homme » dont Alfonso Cuaron en réalise un film en 2006  [http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=60792.html]. L’histoire se déroule dans un Royaume Uni replié sur lui-même, où la société part à la dérive malgré un gouvernement autoritaire. Les étrangers sont stigmatisés, enfermés, rejetés. Cette dystopie est-elle le reflet de ce qui nous attend ?

Allons-nous vers un déclin démographique ?

Selon l’Onu, la population mondiale qui augmente sans cesse, pour atteindre 9,8 milliards d’habitants en 2050, reste du fait de quelques régions dans le monde [http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=39703#.WdChmlu0MdU]. En effet, il est des endroits où la population commence à décliner, comme c’est déjà le cas de l’Occident. Ainsi, en Russie, le dernier recensement donne une population d’environ 146,8 millions d’habitants. Cette population qui décline ne devrait plus compter que 123 millions de personnes en 2050 [https://www.letemps.ch/monde/2017/08/21/russie-sapprete-perdre-20-millions-dhabitants-dici-milieu-siecle]. A cette même date, en Allemagne, la population aura atteint 70 millions d’individus contre 85 millions aujourd’hui [http://www.leconomiste.eu/decryptage-economie/175-le-defi-demographique-de-l-allemagne.html]. La Pologne suit le même chemin avec une croissance démographique négative. Le déclin de cette population de 38,4 millions de personnes est inéluctable [https://www.populationdata.net/pays/pologne/] !

Ces quelques exemples de situations démographiques ont de multiples raisons, résultats de choix individuels et de phénomènes de société. Des couples ne veulent plus forcément être parents  [http://www.huffingtonpost.fr/2017/09/08/ces-parents-revelent-pourquoi-ils-regrettent-parfois-davoir-eu-des-enfants_a_23201592/] et souhaitent avant tout exister pour eux-mêmes. De fait, l’allongement des études, l’insertion sur le marché du travail et la construction d’une carrière sont autant de freins à la croissance démographique. De plus, l’utilisation de moyens de contraception comme la pilule ont des effets qui se font sentir une fois le traitement arrêté. Cette stérilité ponctuelle est renforcée par une diminution du taux de spermatozoïdes chez les hommes qui est passée de 50 à 60% entre 1973 et 2011 [http://theconversation.com/baisse-de-qualite-du-sperme-des-occidentaux-que-se-passe-t-il-81930]. Tout cela repousse les naissances et l’âge moyen de la conception du premier enfant est de plus en plus tardif, en France comme en Angleterre [https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/france-grande-bretagne-etudes-maternites/] par exemple. En France les femmes ont en 2010 leur premier enfant en moyenne à l’âge de 28,1 an alors qu’il était de 24 ans en 1974. L’Angleterre et le pays de Galle suivent le même chemin avec une naissance du premier enfant qui passe de 24 à 27,8 ans.  

Face à ces situations démographiques qui déstabilisent les sociétés, les Etats instaurent des politiques natalistes. En Russie [http://www.ladepeche.fr/article/2008/04/07/447119-russie-fetera-amour-conjugal-alternative-saint-valentin.html], la sénatrice, Valentina Petrenko propose en 2008 d’instaurer pour le 8 juillet la « Journée de l’amour conjugal et du bonheur familial« . Dans la région d’Oulianovsk, c’est la journée de la conception qui a été retenue. Les femmes qui accouchent 9 mois plus tard, le jour de la fête nationale, à savoir le 12 juin, reçoivent en cadeaux des réfrigérateurs et des télévisions ! En Allemagne le gouvernement d’Angela Merkel s’est penché sur la question et propose dès 2012 sa « stratégie démographique » [http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/04/05/20002-20120405ARTFIG00907-angela-merkel-prepare-son-plan-antiveillissemement] pour l’horizon 2030, quand les baby boomers seront à la retraite. Il s’agit de proposer à ceux qui le peuvent, de travailler plus longtemps et d’inciter les femmes à avoir des enfants ou tout au moins de leur faciliter la tâche. Ces politiques natalistes sont tardives et ne donneront des résultats qu’à plus ou moins long terme, mais sans garantie de réussite.

L’immigration, une solution au déclin démographique ?

A partir du milieu des années 2010, l’arrivée massive de migrants en Allemagne a permis d’augmenter la population d’environ 1 million de personnes en peu de temps [http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/les-migrants-et-l-allemagne_1753030.html]. Nombre d’entre elles étant des adultes ayant reçu une formation ils peuvent rapidement s’insérer et compenser ainsi la faiblesse démographique de leur pays d’accueil. En accueillant de façon massive des personnes, l’Allemagne aurait-elle trouvé la solution ? L’apport de population ne représente que 0,86% d’une population qui continue majoritairement de vieillir et où les décès vont augmenter dans les prochaines années [http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/allemagne-la-hausse-de-la-population-ne-resout-pas-le-probleme-demographique-546919.html]. De plus, le million de personnes arrivées correspond à environ 18 mois de naissances en France ! Donc, même si l’apport migratoire est à relativiser, le regain démographique est notable, les populations immigrées arrivant avec un nombre d’enfant par femme plus important que les 1,42 des Allemandes.

Mais il n’est pas certain qu’à long terme cela change grand-chose à la situation actuelle comme le montre une étude de l’INED sur l’Espagne [https://www.ined.fr/fr/publications/population-et-societes/la-fecondite-des-immigrees-nouvelles-donnees-nouvelle-approche/]. Dans la première moitié des années 2000, les migrants arrivés en Espagne sont venus avec leur dynamique démographique, contribuant à augmenter la population espagnole de manière notable. L’accroissement naturel passe de 10.000 personnes en 2000 à plus de 80.000, 5 ans plus tard. Mais, deux phénomènes se conjuguent pour en limiter rapidement les effets. D’une part, les populations des rives sud de la Méditerranée connaissent aussi un ralentissement démographique. Les études de plus en plus longues et de meilleurs droits pour les femmes font que le nombre moyen d’enfant par femme tend là aussi à diminuer et s’approcher de 2 [https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/tous-les-pays-du-monde/?lst_continent=903&lst_pays=912], limite en dessous de laquelle la population diminue. Cela signifie une baisse de la pression démographique et du nombre de candidats à l’émigration. D’autre part, en deux générations, les femmes immigrées adoptent les mêmes comportements démographiques que les femmes du pays d’accueil en ayant moins d’enfants. L’apport par l’immigration est donc ponctuel car après quelques générations, le pays se retrouve avec les mêmes problèmes démographiques qui ont simplement été décalés dans le temps !

Le film aborde donc le déclin démographique du monde occidental dans son ensemble où l’immigration semble être le dernier recours. Ainsi, en Australie, l’immigration est surtout du fait d’adultes âgés entre 20 et 35 ans. En tenant compte des départs, le nombre d’immigrés a contribué à augmenter la population d’environ 1/2 million de personnes entre 2000 et 2011. Or ces immigrés arrivent le plus souvent sans enfant [https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/26655/545_immigration.australie.juin.2017.fr.pdf], ce qui ne relance pas la croissance démographique. En Occident, le nombre d’enfants par femme est souvent inférieur à 2,1 [https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/tous-les-pays-du-monde/] et les solution apportées contribuent à déstabiliser les sociétés, tant d’un point démographique que social. L’immigration contribue à fragmenter les populations et augmenter les rejets comme c’est le cas des Polonais au Royaume Uni à l’heure actuelle [http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-grande-bretagne-et-l-ue/brexit-l-inquietude-des-expatries-polonais_1520563.html]. L’Occident entre donc dans un automne et peut être un hiver démographique entraînant sa disparition à plus ou moins long terme. Mais ailleurs dans le monde la situation n’est pas forcément meilleure. Ainsi, la Chine n’est pas mieux lotie avec une majorité de naissances de garçons [https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/focus/la-chine/]. Là aussi, l’avertissement a déjà été donné dans le roman de Fredrik Brown, Lune de miel en enfer [https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146574980] : les femmes ne mettent au monde que des garçons, les filles ayant disparues… Quand je vous dis que l’humanité courre à sa fin !  

 


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19 sept. 2017