Édito. de la conférence scénarisée « Odyssée interstellaire » à la Cité des sciences et de l’industrie du 16 décembre 2024

L’humanité a toujours tourné les yeux vers les étoiles. Dès l’Antiquité, Lucien de Samosate va jusqu’à imaginer des États sur la Lune, idée reprise par Cyrano de Bergerac au 17e siècle. Dans ces récits, le merveilleux permet tout.

En 1610, Galilée tourne sa lunette astronomique vers Jupiter et observe quatre lunes en orbite autour de la géante. C’est la confirmation par l’observation de la révolution copernicienne qui, moins d’un siècle plus tôt, avait retiré à la Terre sa place centrale dans l’Univers. Dans la foulée, Giordano Bruno, théologien et philosophe, avait envisagé l’infini de l’espace, peuplé d’autant d’étoiles et de planètes. Cette audace lui avait valu d’être brûlé vif par l’Inquisition en 1600.

De leur côté, les récits imaginaires deviennent « science-fiction » avec la Révolution industrielle : les principes magiques sont remplacés par ceux des sciences et techniques. Le premier récit interplanétaire De la Terre à la Lune est écrit par Jules Verne en 1858. Puis H. G. Wells imagine La guerre des mondes qui, en 1898, décrit l’invasion de la Terre par des forces martiennes. Plus tard, le cinéma s’empare lui aussi du sujet spatial avec La planète interdite (1956) parmi les premiers succès de la SF au box-office. Depuis, la liste des œuvres ne cesse de s’allonger et un constat s’impose : si l’imagination est un moteur de la science-fiction, les sciences en sont le carburant ; elles renouvellent l’imaginaire des auteurs avec leurs incessantes découvertes.

Ainsi, avec la confirmation de la première exoplanète par Michel Mayor et Didier Queloz en 1995, on sait désormais qu’il existe bien une infinité de mondes : notre galaxie pourrait être riche d’au moins 100 milliards de planètes. Mais si, comme dans la SF, l’humanité veut partir à leur découverte, il va falloir apprendre à maîtriser les espaces interstellaires. Et ça n’est pas une mince affaire, d’autant plus que l’esprit humain est incapable de prendre la réelle mesure des espaces qui séparent la Terre des étoiles qui l’entourent !

Pour contourner la difficulté du voyage interstellaire, la série Star Trek, en 1966, « invente » la distorsion de l’espace-temps : celle-ci permet de parcourir de très grandes distances en très peu de temps, procédé bien pratique pour une série de télévision… et tellement génial qu’on peut se demander si la série n’aurait pas inspiré Miguel Alcubierre, physicien, qui, en 1994, théorise un procédé permettant de se déplacer plus vite que la vitesse de la lumière.

Si la théorie est éventuellement là, il y a encore un immense chemin à parcourir avant d’envisager le début de la moindre expérimentation. Néanmoins, cet exemple, comme d’autres, a le mérite de montrer l’existence d’une fertilisation croisée entre sciences et science-fiction. Jusqu’où cette démarche peut-elle emmener l’humanité ? L’avenir nous le dira. D’ici là, bon voyage interstellaire !

Sur le site de la Cité : https://www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/activites-spectacles/conferences/humains-dans-lespace

21 déc. 2023