Nos sociétés connaissent un fléau de plus en plus problématique. Le réchauffement climatique et l’accumulation des déchets sur la planète ont provoqué l’émergence de nuages de pollution déployant une odeur pestilentielle rendant difficilement vivables certaines zones du globe. Des villes européennes, dont Marseille et Athènes, ont été victimes ces dernières années de périodes lors desquelles les odeurs étaient si désagréables qu’elles ont dû être évacuées temporairement, le temps que les nuages responsables de ces nuisances soient dispersés. Le phénomène était si grave qu’il provoquait des nausées chez de nombreuses personnes, ainsi que de sévères problèmes psychologiques chez des habitants ne supportant plus  d’être incommodés par des arômes si puissants et dérangeants qu’ils allaient jusqu’à provoquer des dysfonctionnements du système olfactif de certains patients. Les cas de phantosmie se multiplièrent. Cette pathologie, relativement rare et se caractérisant par la sensation d’odeurs qui n’existent pas, est habituellement associée à des pathologies psychiques ou du cerveau. La multiplication des signalements indique que les très fortes odeurs diffusées dans certaines villes ont provoqué une détérioration du système olfactif des habitants. Plus de 30% des Marseillais sont ainsi devenus confus dans la détermination des odeurs. Tantôt atteints d’hyposmie, voire d’anosmie (incapacité à sentir, ou très peu), tantôt de phantosmie, ces personnes furent fortement handicapées dans leur vie quotidienne. 

L’origine des nuages nauséabonds est associée à la pollution de l’air par l’industrie chimique, mais aussi essentiellement par l’apparition d’une nouvelle forme de nuisances, les armes malodorantes. Initialement produites par l’armée turco-mongole pour provoquer l’exode de villes ennemies et ainsi peupler ces territoires conquis avec leurs propres populations, elles furent interdites par l’ONU. Toutefois, le traité ne fut ratifié que par une centaine de pays. Le Kataristan, pays d’une vingtaine de millions d’habitants abritant une mafia répandue sur toute la planète, s’est spécialisée dans cette nouvelle arme. Un grand nombre d’ennemis de la France s’en sont dotés et répandent régulièrement des nuages sur nos villes, à l’aide de techniques de géoingénierie climatique. Indétectables et difficilement anticipables, ces attaques nuisent terriblement à notre territoire dans la mesure où des villes entières sont inhabitables pendant des semaines, voire des mois entiers. Les difficultés de relogement des habitants sont incommensurables et provoquent des pertes économiques considérables dans les zones concernées. 

Mais ne dit-on pas que chaque problème a une solution ? Grâce au génie de la neurocybernéticienne Esther Minne, les crises de pollution olfactive pourraient être définitivement résolues. Elle a mis au point une nanotechnologie qui s’insère dans le cerveau grâce à une intervention bénigne et qui permet de diffuser les odeurs souhaitées. Le procédé, nommé Transosmia (Préfixe Trans : au-delà, suffixe Osmia : odeur)  permet à une personne de choisir ce qu’elle souhaite sentir. Son cerveau modifie ainsi sa perception de l’environnement, élimine la sensation d’arômes repoussants pour générer la sensation d’évoluer dans un lieu embaumé par les odeurs de son choix. Plus de dix mille parfums sont d’ores et déjà disponibles. Grâce à une application se trouvant sur son smartphone, l’individu choisit parmi une sélection de senteurs la plus adaptée à son humeur et à ses goûts. Il est ainsi possible d’opter pour un succulent effluve d’un plat mijoté, ou d’un couscous, selon les goûts culinaires de chacun, de fleurs, comme des roses ou des lilas, de parfums, mais aussi d’odeurs de personnes préalablement synthétisées et numérisées. De la sorte, les mauvaises senteurs ne sont plus qu’un lointain souvenir. Elles sont remplacées par des effluves subtils, assurant bien être et volupté à tout moment de la journée. Si cette technologie médicale fut dans un premier temps utilisée pour permettre aux habitants des villes attaquées par les armes olfactives de rester vivre à leur domicile, elle eut rapidement un grand nombre d’autres applications. Des personnes se firent implanter Transosmia, pour mieux supporter les odeurs dans les transports en commun, ou même les exhalaisons fétides provenant d’animaux, de déchets, ou d’usines utilisant des stations d’épuration. Grâce à cette invention, Esther Minne a permis à l’humanité de trouver une solution à un problème qui aurait pu remettre en question sa santé mentale à moyen terme. En effet, la gêne occasionnée par des perceptions olfactives désagréables et prolongées peut provoquer des crises de démences chez les personnes les plus sensibles. La chercheuse française a travaillé sur les personnes atteintes de phantosmie (Phantos : fantôme, osmie : odeur), c’est-à-dire imaginant des odeurs qui n’existent pas, pour mettre au point son remède au mal de la décennie, et ainsi garantir la pérennité de notre modèle économique. 

Transosmia est donc une technologie très utile pour lutter contre le terrorisme olfactif. Les applications concrètes de cette innovation sont multiples et pourraient valoir à Esther Minne le Prix Nobel de médecine dans les prochaines années. Cette dernière appelle toutefois nos gouvernants à ne pas s’endormir sur leurs lauriers et à ne pas cesser la lutte contre l’origine des odeurs pestilentielles qui menacent toujours l’humanité. En effet, la pollution et les armes olfactives doivent être combattues le plus possible dans la mesure où ces problèmes créent aussi des risques physiques indéniables pour les populations. Toutefois, Transosmia pourrait plonger ses utilisateurs dans une illusion et mener à nier l’utilité de l’odorat pour un être humain. Ainsi, comment un individu saura-t-il qu’un feu se déclare à proximité s’il a choisi d’évoluer dans un environnement lui rappelant un champ de lavande ? Esther Minne a d’ores et déjà mis au point un système de captation des odeurs évoquant des dangers, générant une alerte sur le smartphone des personnes. De la sorte, de nombreux désagréments seront probablement évités. 

Cette innovation pourrait aussi permettre aux spationautes habitant sur d’autres planètes de reconstituer les odeurs terrestres. Cette option est censée faciliter leur adaptation sur les territoires extraterrestres, en suscitant une impression agréable, permettant de retrouver les arômes rappelant le bon souvenir d’environnements habituels sur Terre. Il a ainsi été prouvé que le sens olfactif était un puissant vecteur de santé et d’équilibre cognitif. Il est ainsi crucial de le stimuler correctement afin d’assurer le bien-être des humains. Notons aussi que les recherches d’Esther Minne ont permis de grandes avancées dans le traitement de la phantosmie, puisque l’envoi de quelques nanorobots dans le bulbe olfactif suffit bien souvent à traiter les dysfonctionnements à l’origine de cette pathologie se caractérisant par des hallucinations. Médecine et gestion des crises environnementales sont donc indissociables. Le progrès de la recherche pourrait même mener selon la spécialiste française à la mise au point de noodeurs (du grec Noûs : esprit et odeur) dans un futur proche, c’est-à-dire des arômes capables de générer des idées agréables chez l’être humain. Pour l’heure expérimentées en laboratoire, elles pourraient stimuler la créativité et augmenter l’intelligence et le bien-être émotionnel des individus dans des proportions stupéfiantes. L’ère de la gestion de l’environnement olfactif est ouverte et pourrait mener à des découvertes fondamentales dans un avenir proche. 

13 nov. 2023