La réalité réelle au défi de la réalité virtuelle | Nekomix #07 | 22/04/2069

Olivier a été invité par la rédaction de Nekomix (www.nekomix.com) à analyser les scénario des BD du numéro 10 du fanzine. Il en a résulté la production de 9 textes de journalisme prospectiviste, tous illustrés avec talents.

Ces textes essayent de traiter des questions et des njeux autour de la transmission de la connaissance à l’épreuve du temps long, de certaines étapes vers la conquête de l’espace et les voyages dans le système solaire, de la virtualité, des prothèses biomécaniques, l’usages que l’on pourrait faire des déchets que produisent l’humanité, l'(in)évitable concurrence entre humains et IA, notre rapport à la réalité au travers des outils que nous offre la technologie et le choc de la physique quantique…

Bon voyage dans ce cinquième texte et merci à


Au début du millénaire, on a longtemps parlé de “fracture numérique”. Elle marquait l’inégalité d’accès aux nouveaux outils numériques des populations au sein d’un même territoire. Aujourd’hui, dans notre monde dématérialisé, apparaît une nouvelle inquiétude. Elle concerne l’expérience effective du monde réel que chacun est censé avoir. Car, dans notre vingt-et-unième siècle finissant, la proportion d’individus qui ne connaissent le monde que par expérience virtuelle ne cesse de croître. Pour évoquer cette rupture avec le monde tangible, on parle désormais de “fracture analogique” qui prend des accents d’ordre aussi bien éthique que sanitaire.

Rétrospectivement, on peut identifier quelques moments clés qui ont construit la rupture d’une partie grandissante de la population avec le monde réel. Plus que la généralisation de l’usage des outils numériques, il y a eu, par exemple, la décision de rendre l’enseignement de l’écriture manuelle optionnelle. Les USA, avec les pays scandinaves, ont été les premiers à adopter ce genre de dispositions. Elles se sont étendues à tout le monde développé, dans les années 30… et ne plus savoir écrire avec un crayon sur du papier est devenu un marqueur social quand d’autres considèrent cette soit-disant compétence comme une réminiscence de la civilisation Gutenberg… “Attendez encore une génération, et plus personne ne parlera de ce sujet !” s’exclament-ils.

Toujours à la même époque, autour des années 20, on a vu l’usage des casques de réalités virtuels se généraliser. Ces dispositifs encombrants, lointains ancêtres de nos actuels implants sclérotiques, mettaient à la portée de tous la possibilité de voir un film ou de faire une partie de jeu vidéo avec le contrôle total de la caméra. C’est ce qui a été appelé la disparition de la distance média-spectateur. Cet espace tant physique que psychologique était considérée, par certains spécialistes, comme une des garanties nécessaires afin de conserver une distinction claire entre réalité et fiction.

Un autre moment clé qui a permit l’apparition de cette “fracture analogique” a été la mise au point des combinaisons d’immersion haptique. Comme les casques de réalité virtuelle, ces combinaisons permettaient enfin au spectateur d’expérimenter avec son corps les situations montrées dans les films ou dans les jeux. De nos jours, l’immersion est totale, absolue grâce à la stimulation cérébrale directe ou induite.

Alors, comment garder les pieds sur terre, pour reprendre une vieille expression ? C’est le défi que notre temps se doit de relever. Avec la généralisation du revenu universel, nos sociétés anciennement occidentales ont embrassé le modèle de la ludo-consommation. En leur sein, chacun peut désormais se consacrer à son épanouissement personnel. dans ce cas, celui-ci peut-il n’être que virtuel ? Telle est la question à laquelle chacun est invité à trouver une réponse…

 


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23 avr. 2019