Olivier a été invité par la rédaction de Nekomix (www.nekomix.com) à analyser les scénario des BD du numéro 10 du fanzine. Il en a résulté la production de 9 textes de journalisme prospectiviste, tous illustrés avec talents.

Ces textes essayent de traiter des questions et des njeux autour de la transmission de la connaissance à l’épreuve du temps long, de certaines étapes vers la conquête de l’espace et les voyages dans le système solaire, de la virtualité, des prothèses biomécaniques, l’usages que l’on pourrait faire des déchets que produisent l’humanité, l'(in)évitable concurrence entre humains et IA, notre rapport à la réalité au travers des outils que nous offre la technologie et le choc de la physique quantique…

Bon voyage dans ce premier texte et merci à Sandra Cado pour sa très belle illustration (sandracado.fr/live/blog ) !

 


 

Longtemps, les humains comme toutes les formes de vie qui se trouvent à la surface de la Terre ont été comme des passagers dans le train de l’évolution : il n’y avait aucun moyen d’influer durablement sur les chemins que prenait l’évolution. Aujourd’hui, en cette fin de XXIème siècle, chacun peut faire réparer, améliorer, prolonger son corps selon ses propres goûts et souhaits, aussi bien grâce au génie génétique qu’au moyen de prothèses biomécanique. Et, d’ici quelques années, quand des individus multi-greffés et génétiquement modifiés lanceront des questions existentielles telles que : « Qui suis-je ? Que suis-je ? », elles doivront être entendues comme : « Serais-je encore humain quand d’humain il ne me restera qu’un organe : mon cerveau ? »

Certains, promoteurs de ces prothèses en tous genres, suggèrent que l’humain pourrait être réduit aux seules capacités de son cerveau, indépendamment des interactions que celui-ci entretient avec l’ensemble du corps, indépendamment des influences avec son environnement qu’il perçoit au travers de ses sens… donc, le cerveau serait un organe librement dissociable du corps dans lequel il a grandit. Pourtant, on le sait depuis longtemps, la diffusion des neurones va bien au delà de la seule boîte crânienne et de son extension naturelle, la moelle épinière… il faut aller jusqu’à l’estomac et ses 200 millions de neurones… jusqu’aux quelques 40 000 autres neurones qui font battre le cœur…

Tant et si bien qu’on pourrait se demander, à contrario des posthumanistes, si l’humain, sa personnalité, n’est finalement pas un tout qui dépasse la somme des éléments, des organes qui le composent ? S’il ne reste de mon moi antérieur que les 1400 g. de mon cerveau (2% de ma masse biologique initiale), ne serais-je plus qu’une fraction de moi-même ? Mieux encore : implanté dans un nouveau corps, peu importe que celui-ci soit issu de biologie de synthèse ou qu’il soit artificiel, sur une base silicone (comme les microprocesseurs)… le cerveau ne développera-t-il pas alors une tout autre personnalité ?

Aujourd’hui, les sourds entendent, les aveugles voient, les paralytiques marchent au moyen de muscles artificiels ou d’exosquelettes, les malades du cœur sont pourvus d’un organe artificiel infatigable ou d’un organe clone biologique de l’original… On pourrait sans peine continuer la liste des technologies de remplacement des déficiences organiques humaines. Tous ces « éléments », les uns mis à côté des autres sont les briques d’un Lego qui, une fois assemblé, commence à remplacer une proportion toujours plus grande du corps biologique chez un même individu.

Ces prothèses développées initialement par nécessité médicale sont devenus des améliorations techniques… aujourd’hui, elles sont ludiques. Alors, à quelles conditions et jusqu’à quelle proportion de prothèses artificielles serons-nous prêts à implanter dans un même corps ? Une quantité croissante de prothèses au risque de perdre sa propre personnalité ? A chacun de chercher la réponse… en lui-même, tant en admettant que l’humain à désormais main sur les aiguillages de l’évolution !

 

 


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18 févr. 2019