Alors que le débat sur le choix de la langue commune aux citoyens européens anime le continent avant le grand référendum de la fin de l’année, la mode des traducteurs universels pourrait jouer un rôle décisif sur le résultat final. Les traditionnalistes revendiquent l’adoption du latin comme langue commune à tous les citoyens européens. Ils estiment qu’un latin modernisé enseigné à tous les européens dès leur plus jeune âge permettrait de créer un sentiment d’appartenance à un projet collectif européen. Les technologues estiment quant à eux que cette option est trop compliquée à mettre en place, et qu’elle pourrait nuire à l’expression des langues régionales et nationales, déjà marginalisées par plusieurs décennies d’hégémonie de l’anglais dans les institutions supra-étatiques. Ils préfèrent proposer à tous d’utiliser les traducteurs universels qui ont atteint une qualité suffisante pour permettre des discussions normales avec des personnes parlant une autre langue. Grâce à cette technologie, il n’est même plus nécessaire d’apprendre les langues étrangères. L’utilisateur comprend son interlocuteur instantanément. Le traducteur fait partie des fonctions permises par les puces implantées à l’arrière du crâne et qui remplacent déjà de nombreuses technologies comme les téléphones portables, les télécommandes et même les ordinateurs. La mise au point des traducteurs universels a mobilisé de nombreuses recherches pendant plusieurs décennies. Mais vont-ils vraiment rendre obsolète l’apprentissage des langues étrangères ? A l’avenir, les polyglottes sont-ils appelés à disparaître ? A moyen terme, cette technologie ne va-t-elle pas inciter les humains à une paresse intellectuelle, bien qu’elle assure une meilleure communication et donc une connaissance approfondie des autres ? Le débat suscite de nombreuses passions et les adeptes du latin pour tous estiment que les traducteurs universels pourraient constituer une aide à la diffusion du latin, langue morte inutilisée pendant plusieurs siècles. Mais ils estiment aussi qu’il est souhaitable de créer une identité linguistique à l’Europe dans le but d’unir les citoyens autour d’une même culture. Ils s’inquiètent du devenir des langues dans un monde dans lequel la technologie évite aux humains tout effort que ce soit pour se nourrir, pour se déplacer et désormais pour s’exprimer. Pour conclure, rappelons les termes du référendum de la fin de l’année :
Quelle langue commune aux européens choisissez-vous ?
- Le latin
- L’anglais
- Les traducteurs universels
Si l’utilisation de l’anglais est contestée depuis la sortie de l’Union Européenne de la Grande-Bretagne, et que le latin est une option particulièrement appréciée des traditionnalistes europhiles, il est possible que la troisième proposition l’emporte, en raison des progrès prodigieux des traducteurs universels depuis les années 2050, qui permettront, notamment, de communiquer plus facilement avec les membres des nouvelles puissances dominantes, comme les chinois.
© Thomas Michaud