La Saint Valentin 2067 approche ! Pour l’occasion, Le Drive-Poste du Louvre a troqué ses traditionnelles couleurs jaune et bleu contre le rose et le rouge, couleurs symboliques de l’Amour. Un nouveau décor en 3D sur le thème du Cœur projeté par des holocams, accueille l’automobiliste pour l’immerger dans un grand livre d’images plus vrai que nature dont les personnages virtuels bougent et parlent. En guise d’agents d’accueil réels, deux hôtesses au sourire charmant mais qui semblent avoir avalé un nanodisc débitent un discours tout prêt aux clients. A défaut d’efficacité, La Poste sait nous en mettre plein la vue… à l’image de ses timbres 3D aux coeurs palpitants !
Un exemple des nouveaux services proposés : le Valentin attaché au côté vintage de la lettre sous enveloppe – très surannée, mais qui survit grâce aux nostalgiques du papier timbré – peut composer un message poétique à sa ou son bien-aimé grâce à la tablette parlante qui lui proposera plusieurs types de messages enflammés, des poèmes et des citations sur l’amour ainsi que tout un panel d’illustrations florales. Une fois le billet doux composé, il sera retranscrit sur une holocarte, qui sera envoyée au tarif en vigueur à l’adresse communiquée à la borne. Un peu stéréotypé, pourra-t-on objecter. Et la poésie, dans tout ça ?
Mais il n’y a pas que des innovations-gadgets. Les bornes de commande permettent au driver de retirer un colis sans sortir de son CWD ( car without driver ) customisé, juste avec son code personnel enregistré dans son cryptophone. Le lecteur scanne sa télécarte d’identité puis donne l’ordre au robot-livreur de lui remettre son paquet. Toutes les autres opérations, financières ou courrier, se déroulent selon ce même mode opératoire. Toutefois si le client a une demande particulière, il aura du mal à trouver un agent compétent pour entendre son besoin et lui offrir une solution. Mais celui-ci sera facile à repérer : à la différence des charmantes hôtesses au calot en forme de cœur, lui ne sourit jamais.
Avec ses décors virtuels enchanteurs et ses parfums synthétiques envoûtants, on a le sentiment que La Poste cherche à faire oublier la vente toute récente de sa filière Courrier à un consortium coréen qui a d’emblée annoncé des coupes sombres dans un effectif déjà bien réduit. Et il est à craindre que le client fasse les frais de ce que certains appellent une « délocalisation immobile ».