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Vous êtes en réunion, vous dormez, vous êtes au cinéma, vous êtes en voyage… autant de situations au cours des quelles vous ne pouvez pas répondre aux personnes qui souhaitent entrer en contact avec vous, mais pour lesquels vous souhaitez rester joignable.
La vieille messagerie numérique peut remplir cette tâche… à moins que vous souhaitiez offrir à votre interlocuteur une gamme de réponses plus large. L’intelligence artificielle peut vous permettre cette fonction. Qu’on l’appelle le Hub-média ou AvRil (Avatar de Réseau Intelligent, évolution du ARI – Agent de Réseau Intelligent), cette interface propose à tout interlocuteur d’entrer en contact avec un clone numérique de vous-même et de le renseigner au mieux, en votre absence.
Ce clone numérique se « nourri » de tout ce que vous faites au cours de votre journée. Chacun de vos déplacements, chacunes de vos actions ou de vos choix remplissent la base de données de votre AvRil. Ce mouvement de centralisation avait été initié par Google, dans les années 10, avec Grand Central, système de convergence des appels téléphoniques et autre messageries électroniques. Aujourd’hui, la database tire ses informations de ces mêmes vecteurs mais aussi de votre système de paiement (CB ou embarqué à votre téléphone ou Navigo…). Vos conversations téléphoniques ainsi que le contenu de vos mails, les informations issue de votre CenDo (Centrale Domotique) sont autant de sources d’informations qui rendent votre AvRil toujours plus crédible à vos interlocuteurs en votre absence. Les carnets d’adresses, qu’ils sont privés ou sociaux (Facebook et consorts…) sont la colonne vertébrale de la hiérarchisation de ce flot de données : déterminer si telle ou telle information est de l’ordre de l’intime, du privé, des relations civiles, administratives ou professionnelles… Et donc, ne divulguer ce informations qu’aux personnes concernées, informations qui tombent sous le coup des lois PEMA (Private Electronic Mail Address).
Un autre aspect du paramétrage de l’AvRil est son apparence. Vous pouvez choisir un clone immuable ou évolutif (les critères ne manquent pas…), un clone réaliste ou bien encore une forme fantaisiste… Ces diverses options réagissant aux mêmes règles de hiérarchisation de l’information. Un ultime choix, parmi une multitude, est celui de prévenir ou non votre interlocuteur qu’il s’adresse à un avatar. Cette option prenant toute sa « saveur » quand vous faites le choix d’avatar réaliste de votre image réelle. Cette option, la plus troublante, étant aussi la plus révélatrice de l’évolution de l’Intelligence Artificielle sur les réseaux ! Elle induit beaucoup de choses dans les relations inter-personnelles… D’autant plus qu’elle oblige le propriétaire à se renseigner régulièrement sur les conversations que son AvRil aura pu avoir avec son entourage.
Ainsi, l’enjeu de cette nouvelle technologie, mise à la disposition du grand public, se situe dans l’influence que la technologie peut avoir dans les relations humaines. Que se passerait-il si une personne, pour telle ou telle raison, « abandonne » ses contacts avec le monde réel à son AvRil ? L’AvRil a-t-il une existence légale ? Une administration peut-elle tenir comme authentique des informations fournies par un AvRil ? Un utilisateur peut-il se décharger d’une responsabilité en avançant l’argument que l’AvRil n’est pas habilité à répondre à sa place dans tel ou tel domaine ? Le virtuel qui par l’intermédiaire de ces interfaces intelligentes de substitutions font une entrée fracassantes dans le monde réel, ne va-t-il pas encore plus troubler un monde que beaucoup sentent en manque de repères ?
D’après une idée de Christian Gatard.
© Olivier Parent – prospective.lecomptoir2.pro

17 août 2009