La mise en réseau des données médicales a permis de réaliser de grandes découvertes depuis 50 ans. Les chercheurs en médecine ont rapidement décelé l’intérêt de l’utilisation d’informations longtemps privées, mais qui se sont avérées cruciales pour élaborer de nouveaux traitements, et découvrir l’origine de certaines pathologies.

Petit à petit, les individus furent équipés de nano-robots dès leur naissance. Ces machines ont eu pour fonction de cartographier les corps, de mesurer de nombreuses données et de permettre aux médecins de proposer des traitements de mieux en mieux adaptés aux patients. Les maladies ont ainsi fini par disparaître quasiment totalement de la société, même si la mort n’est pas encore vaincue. Le contextualisme médical est une des disciplines qui a connu le plus de succès depuis la diffusion de cette technologie. Les données sur l’environnement social, culturel et économique ont été ajoutées aux données purement biologiques, génétiques et physiques. Des chercheurs ont ainsi pu établir que certaines maladies étaient liées au niveau d’éducation, à la profession… bref, au contexte sociologique. Les sciences sociales se sont considérablement développées pour travailler conjointement avec les sciences médicales suite à la découverte de ces corrélations, qui n’étaient que peu prises en compte dans les diagnostics il y a quelques décennies.

Aux débuts de la numérisation du monde, les opinions publiques ont eu du mal à accepter la divulgation des données personnelles, craignant que ces informations tombent entre de mauvaises mains, par exemple tentées d’instaurer une dictature, ou d’établir des ségrégations sociales liées à l’interprétation des données. Par exemple, certaines banques furent accusées d’avoir refusé des crédits en raison d’une activité sur les réseaux sociaux incompatible avec le profil requis, ou de profils médicaux jugés risqués.

Un compromis entre les apologistes  d’un réseau de données médicales et les défenseurs des libertés individuelles fut trouvé dans les années 2020, avant que les nano-robots soient prêts techniquement à être diffusés dans toute la société, devenant l’équivalent des vaccins en quelques années. Dans un premier temps, les données individuelles devinrent des marchandises, vendues par les citoyens à de grands laboratoires, qui trouvaient dans ces informations le moyen d’effectuer de grandes découvertes et de commercialiser des traitements toujours plus efficaces et rentables.

Aujourd’hui, les grands laboratoires privés ont été nationalisés dans la plupart des pays les plus innovants. Le rôle de l’OMS a été modifié. L’organisation doit coordonner la mise en commun des données médicales, qui ne font plus l’objet d’une marchandisation. Le transfert de données médicales est devenu obligatoire après certaines dérives. Les moins riches vendaient par exemple leurs données, ce qui biaisait les résultats dépendant notamment de variables sociologiques susceptibles d’orienter le comportement et la résistance ou l’exposition à certaines pathologies.

Les nano-robots étant devenus de plus en plus intelligents, les recherches sont dans de nombreux cas, coordonnées par des machines capables de déterminer de nouvelles problématiques liées aux rapports entre biologie, génétique, et sociologie. En devenant un patrimoine mondial protégé, les données médicales sont rendues publiques, car elles doivent participer à une nouvelle société dans laquelle la connaissance et le partage des informations sont au fondement de l’idéal démocratique.  

22 févr. 2016