Gestion des déchets – Les municipalités passent la main | 16/03/2040

Cela a toujours été une source de vraie difficultés pour les communes. Et notamment dans nos îles.

Alors que, dans les premières décennies des années 2000, le Code Général des Collectivités territorials français trouvait à s’appliquer, les communes locales se retrouvaient devant un grand nombre de nouvelles obligations légales notamment le ramassage et le traitement des déchets.

Si ces obligations étaient à peu près gérables sur des géographies continentales avec les ressources d’un Etat et d’une population de taille conséquente, la facture a été plus que lourdes pour des petites entités publiques isolées sur des îles avec une population de petite taille. A cela s’ajoutant le fait que le mode de vie moderne de cette époque était encore plus générateur de déchets qu’aujourd’hui.

Face à cela les communes ont fait de leur mieux : investir dans des camions de ramassage, construire des Centres d’Enfouissement Technique… des projets utiles mais chers et difficilement viables sur le long terme.

Alors certaines ont bien tenté quelques options nouvelles. Pendant un temps la commune de Punaauia avait même envisagé de supprimer le ramassage, trop coûteux en investissement et coût salariaux, et d’obliger les habitants à déposer eux-mêmes leurs déchets dans des centres de collecte. Malheureusement, l’idée n’a même pas eu le temps de voir le jour, faisant face à une forte opposition de la population.

Entre les initiatives pour sensibiliser au zéro déchet, les composteurs municipaux et même les taxes et autres polices vertes pour sensibiliser aux abus, rien n’y a fait, les communes n’ont pas réussi à rendre pérenne cette obligation qui demeure aujourd’hui pour elles. Et cela reste un problème car, malgré l’évolution des mentalités, il n’en demeure pas moins que notre mode de vie est et restera producteur de déchets pendant encore bien longtemps.

Alors les communes ont décidé de se démettre de leur rôle. Dans un bras de fer avec les autorités du pays, les communes ont commencé à signer des contrats avec des entités privées qui vont se charger non seulement de récupérer les déchets mais également de les valoriser.

Cela existe depuis longtemps me direz-vous! Certes, mais le modèle actuel est bien différent. Car il s’agit bien d’entreprises désormais multinationales qui se sont fortement développées depuis une dizaine d’années avec l’amélioration importante des techniques de recyclage. Face à cela, il est devenu moins coûteux à grande échelle de retraiter les déchets.

Le problème est que la population apprécie peu la démarche, se voyant désormais tenue de payer le service auparavant inclut dans les taxes communales, à défaut de quoi elle se retrouve inondée de déchets dans ses jardins!

Le gouvernement local envisage de renforcer les moyens des infrastructures publiques mais pour le moment ne dispose pas de solutions.

Pourtant la gestion des déchets est vitale dans nos îles. Dès lors la question est de savoir si les communes pourraient avoir, ensemble, le poids nécessaire pour négocier avec ces grands groupes et trouver un moyen de gérer leur obligation avec le soutien du privé, pour garantir malgré tout une certaine égalité de traitement.

La question semble loin d’être résolue et, pendant ce temps, les poubelles n’en finissent pas de recycler un conflit qui date de bien longtemps et qui semble enfermé dans un cycle infini!


L’Observatoire Océanien de Prospective — 2OP — est une plateforme qui a pour objectif de réfléchir aux Futurs de l’Océanie au travers d’articles envisageant les futurs possibles de cette région.

Au travers de potentielles futures actualités, l’Observatoire Océanien de Prospective cherche à aider les organisations et individus résidant en Océanie à développer une approche d’anticipation et de prospective dynamique pour trouver aujourd’hui les solutions aux challenges de demain.

16 mars 2020