Il y a 150 ans, l’affaire Dreyfus. Que reste-t-il de cette dégradation dont ne nous sont parvenus que de vagues documents photographiques ? Que reste-t-il de ces douze années de bagne indues ? Que reste-t-il d’une certaine lettre ouverte qui commençait par « J’accuse… » ?

On célèbre le retour en grâce de cet officier, de l’honneur retrouvé de la France. Quel bilan tirer de l’antisémitisme au milieu du XXIe siècle ? Certains le voyaient spirituel ou pas… d’autres ne l’envisageaient qu’entre les mains des femmes. En effet, les femmes président au destin d’un nombre toujours grandissant d’institutions et d’entreprises. Mais le XXIe siècle n’est pas spirituel pas plus qu’il n’a su tuer ses vieux fantôme racistes.

Les tentatives d’apaisement ne manque pas. L’Eglise Catholique a replacé les Juifs et le judaïsme à leur juste place : pères des croyants dans l’ordre de la Révélation. La République s’est donné les moyens législatifs de réprimer les comportements. L’Histoire rappelle que le fantasme du Juif riche est la conséquence de l’interdiction faite aux chrétiens de la pratique de l’usure, et fondement du système bancaire contemporain. En contre partie, le juif a servi de fusible et d’exutoire à nos peurs conjoncturelles.

L’affaire Dreyfus en est un vibrant exemple : On condamne l’individu au nom d’un groupe. Sur ce groupe se focalise les peurs de la société qui refuse de faire face à certaines vérités. Dreyfus paye le traumatisme de la guerre de 1870 et les incertitudes qui mèneront à la Grande Guerre.

Aujourd’hui, que ne voulons nous pas voir quand la fièvre antisémite remonte dans nos villes ? Pourquoi cette alternance de fièvres racistes : un coup d’antisémitisme… un coup d’islamophobie ? De quoi avons nous peur, aujourd’hui ?

23 juil. 2007