L’Oilwatt Servicies en Ukraine n’existait pas. Pourtant cette entité « virtuelle » avait bien des contrats négociés auprès des compagnies comme Total Energies, Eni, Ekwater ou Wattenfoll, et d’autres sans doute, avec l’objectif de revendre l’énergie achetée à prix cassé avant de s’évaporer. Cette entreprise passait de la publicité sur Internet « contre la hausse des prix de l’énergie » en comparant les prix des 41 fournisseurs européens sauf, on l’aura compris, que le résultat dirigeait le prospect vers leur offre. Ce fournisseur faussement alternatif vendait des quotas « Ecowatts », encaissait les factures de ses clients sans payer ses propres achats, avant de disparaitre. Elle revenait ensuite sous un autre nom, à partir d’un autre pays. C’est en Serbie qu’Interpol a mis la main sur le gang qui supervisait cet étrange commerce sous la marque Ecowatt. Le même nom utilisé en France pour nos droits « Ecowatt », pas malin.

Proposé par RTE (Réseau de transport de l’électricité) dans les années 2023, Ecowatt était présenté comme le bulletin « météo » du niveau de consommation électrique des Français. Ecowatt, les alertait d’une possible rupture de charge en invitant les consommateurs à réduire ponctuellement leur demande d’énergie. Au fil des années, l’explosion des coûts et des contraintes imposées par les politiques énergétiques, le système a évolué pour devenir un système d’alerte individuel pour les consommateurs – particuliers, entreprises et collectivités.

Dans les années 2025, Ecowatt proposait un ensemble de services indiquant quand et à quel moment adapter sa consommation. Cela n’a pas empêché les coûts d’énergie d’augmenter suite aux important retards pris dans le démarrage des centrales nucléaires conséquence de l’activisme des écologistes. Les délestages occasionnels ne fonctionnaient pas, la politique de sobriété énergétique non plus, alors que la demande ne cessait de croitre et les difficultés d’approvisionnement de se multiplier. Ce déficit de production énergétique – la demande est cinq fois supérieure à celle des années 20 – un peu partout en Europe a fait exploser les factures et a augmenté les difficultés pour faire tourner le parc des véhicules électriques imposant des mesures drastiques. A eux seuls, les data centers européens consomment l’équivalent de la ville de Lyon. L’énergie était devenue rare et surtout onéreuse, très onéreuse. Pour s’adapter, en 2025, les gouvernements ont décidé de ne plus soutenir les achats de véhicules électriques mais plutôt les achats d’énergies.

En parallèle la généralisation des ZFE (Zones à Faibles Emissions) d’abord destinées à réguler l’entrée et la circulation des véhicules les moins polluants dans des zones urbaines sélectionnées a été remplacé par le « Pass Ecowatt ». En 2026 il a été étendu afin d’encadrer les « droits de circuler » en fonction des droits à consommer de l’énergie. En d’autres termes afin d’imposer des restrictions supplémentaires dans l’usage de certains véhicules. Une politique de sobriété qui s’est étendue aux moyens de chauffage des maisons et des immeubles. Les compteurs thermostatiques individuels pilotant désormais les quantités d’énergie consommées en fonction des droits des foyers. Progressivement Ecowatt est devenu l’arbitre des « droits à consommer » de l’énergie.

En 2032, Ecowatt s’est transformé. Au lieu de facturer selon la consommation, les Etats Européens se sont mis d’accord pour imposer à leurs clients un contrat de « quantité d’énergie disponible ». Il est devenu un système d’encadrement de consommation d’énergie justifié par la volonté de réduire les factures d’électricité et faire face à une demande impossible à satisfaire. Avec les Quotas Ecowatt un nouveau marché noir était né.

La création des « Quotas Ecowatt » de consommation énergétique imposée aux entreprises et aux particuliers a dopé les escroqueries en tout genre. Des dizaines de milliers des citoyens se sont habitués à troquer leurs droits ou en faire cadeau. Le marché est désormais encombré d’arnaques comme des offres bidons de cadeaux énergies en Ecowatts. Les malfaiteurs utilisent la politique de restriction des consommations énergétiques. D’où l’explosion des délits consécutifs au pillage de l’énergie comme récupérer une charge pour sa voiture électrique, « emprunter » une batterie ou s’éclairer grâce à un branchement pirate.

De plus en plus d’élus s’opposent à cette nouvelle sorte de prohibition des ressources en énergie arguant que cela ne fait que favoriser les trafics et donne un avantage concurrentiel aux pays qui refusent chez eux la mise en place des Quotas Ecowatts que nos syndicats surnomment eux « l’Ecotax » ! Quant aux français, ils font de plus en plus appel aux milles trouve-tout dont les innovations permettent de créer sa propre électricité… et de garder la forme !

Denis C. Ettighoffer

 

 

27 oct. 2022