Remarque : Cet article a été rédigé par Victor DOS SANTOS PAULINO et Nonthapat PULSIRI (TBS Education / Chaire SIRIUS).
À mesure que les avancées dans le secteur spatial se multiplient, nous bénéficions d’une gamme de retombées de plus en plus vastes, allant de l’exploitation des données satellitaires à l’exploration de l’espace. Cependant, ces progrès entraînent également des conséquences environnementales. Par exemple, la croissance rapide des débris spatiaux et la pollution engendrée par les missions spatiales suscitent des préoccupations croissantes, nécessitant des solutions consensuelles et urgentes.
Dans cette perspective, la Technologie Spatiale Verte (TSV) émerge comme une solution prometteuse pour garantir la protection environnementale à long terme, sans entraver le développement des activités spatiales. Les technologies telles que la surveillance du CO₂ par satellite, la navigation satellitaire et les technologies de nettoyage des débris spatiaux en sont des exemples clés.
Bien que la Technologie Spatiale Verte (TSV) soit de plus en plus reconnue par des organisations internationales telles que l’OCDE et l’ESA, ce terme manque encore de clarté. Certains pays, comme la Thaïlande (GISTDA, 2022) et le Danemark (Gouvernement danois, 2022), mettent l’accent sur l’utilisation des satellites pour atteindre des objectifs sociétaux sur Terre. En revanche, dans d’autres régions, comme l’Europe (ESA, 2022) et le Canada (CSA, 2024), l’accent est mis sur les technologies visant un transport spatial durable. Ainsi, en l’absence d’une définition claire et solide, le potentiel de la TSV reste limité, freinant les avancées en matière d’innovation, d’adoption et d’élaboration de politiques.
Pour remédier à cette lacune, une compréhension plus approfondie et intégrée de la TSV s’avère essentielle. Avec une définition plus solide, la TSV a le potentiel de devenir un concept clé pour harmoniser les activités spatiales internationales en faveur de la protection de l’environnement.
Selon nous, la Technologie Spatiale Verte (TSV) se compose de deux grands clusters : la Terre et l’Espace.
Dans le cluster « Terre », la TSV fait référence aux infrastructures spatiales indispensables pour renforcer la préservation de l’environnement sur notre planète. Les technologies vertes, telles que les satellites d’observation de la Terre (EO), les systèmes de navigation par satellite (GNSS) et les satellites de télécommunication, soutiennent la surveillance environnementale, la gestion des ressources naturelles, l’agriculture de précision et la logistique durable.
En parallèle, le cluster « Espace » se réfère à la préservation de l’environnement nécessaire aux activités spatiales, avec des technologies telles que l’élimination active des débris, les services en orbite, la propulsion verte, l’éco-conception et la fabrication additive.
Grace à une analyse bibliométrique du terme de Technologie Spatiale Verte, nous proposons la définition suivante :
« Une technologie spatiale conçue pour réaliser des activités spatiales avec un impact environnemental minimal ou contribuant à la préservation de l’environnement, sur Terre comme dans l’espace » (Pulsiri et Dos Santos Paulino, 2025, p. 11).
Le développement de la TSV est essentiel, non seulement pour la protection de notre planète et de l’environnement spatial, mais aussi pour le bien commun de l’humanité et l’avenir des générations futures.
Dans le tableau ci-dessous, nous proposons une description détaillée de la Technologie Spatiale Verte (TSV), permettant de mieux en saisir les principales dimensions.
Cluster « Terre » | Cluster « Espace » | |
Exemples de technologies clés de la TSV | Satellites d’observation de la Terre, systèmes de navigation, satellites de télécommunication | Technologies de nettoyage des débris spatiaux, services en orbite, propulsion verte, matériaux verts |
Contributions à la préservation de l’environnement | Surveillance du CO₂, optimisation des itinéraires | Sites de lancement minimisant leur impact environnemental, réduction des débris spatiaux |
Lieux à préserver | La Terre, incluant les zones urbaines et rurales, forêts, rivières, océans et l’atmosphère (jusqu’à 160 km d’altitude | La Terre, l’orbite terrestre (entre 160 km et 37 786 km d’altitude) et l’environnement spatial plus lointain |
Pays concernés | Tous les pays | Nations spatiales (par exemple, Chine, États-Unis, France Inde, Japon, Russie) |
Acteurs les plus impactés | Tous types, y compris individus et organisations | Organisations spatiales des nations spatiales (par exemple, agences, grands groupes, PME, start-ups) |
Activités de la chaîne de valeur | Principalement des activités en aval basées sur les données spatiales (par ex. : mesure du dérèglement climatique), désignées comme applications satellitaires (par ex. : Internet par satellite) | Principalement des activités en amont désignées comme l’industrie spatiale (par ex. : les satellites et les lanceurs) |
Tableau 1 : Principales dimensions de la Technologie Spatiale Verte (TSV)
Selon nous, il existe un risque que certaines entreprises ou organisations qualifient leurs activités spatiales de « vertes » sans avoir un impact environnemental significatif, une pratique souvent désignée sous le terme de greenwashing. Pour éviter cela, il est essentiel qu’elles communiquent de manière transparente et sincère sur leurs efforts liés à la Technologie Spatiale Verte (TSV). Grâce à une évaluation attentive de leurs actions, il est possible de garantir que la TSV contribuera effectivement à la protection environnementale de la Terre comme de l’espace.
En conclusion, la Technologie Spatiale Verte (TSV) représente une opportunité majeure pour promouvoir le développement d’activités spatiales ayant un impact environnemental minimal et contribuant à la préservation de l’environnement, sur Terre comme dans l’espace. En adoptant la Technologie Spatiale Verte et les pratiques qui s’y rattachent, nous disposons d’un levier essentiel pour orienter l’avenir des activités spatiales vers plus de durabilité.
Références
• Pulsiri, N., & Dos Santos Paulino, V. (2025). Green space technology: Conceptualisation and analysis. Technology Analysis & Strategic Management, 1–16.
• GISTDA. (2022). Annual report. The Royal Thai Government.
• The Danish Government. (2022). Rumbaseret grøn forskning – Bibliometrisk analyse af Danmarks rumbaserede grønne forskning.
• ESA. (2022). Green Technologies. European Space Agency.
• CSA. (2024). State of the Canadian space sector report 2023. Canadian Space Agency.