Une nouvelle étape a été récemment franchie dans la diffusion des données individuelles sur les réseaux d’informations. Les organismes de protection de la vie privée et des libertés individuelles n’ont rien pu faire contre la proposition du ministère de la santé de rendre publiques les données concernant la santé des individus. Dans les prochaines semaines, il sera possible de recevoir en réalité augmentée les dossiers médicaux des personnes rencontrées. L’implant oculaire de réalité augmentée (IORA) permettait jusqu’alors de recevoir de nombreuses informations sur l’environnement des utilisateurs, comme les horaires des transports, la météo, les offres d’emplois ou les bonnes affaires des magasins les plus proches… Il est désormais possible d’avoir accès au bilan médical de toutes les personnes se trouvant à votre proximité. Jusqu’alors, ces données demeuraient confidentielles et privées, et seuls les patients et leurs médecins y avaient accès. Les bilans de santé sont depuis les années 2040 réalisés quotidiennement grâce à des nano-robots diffusés dans le corps et capables de détecter très en amont d’éventuelles maladies et de les transmettre aux médecins pour mettre en place un traitement. Cette révolution médicale a permis d’augmenter considérablement l’espérance de vie. Mais de nouvelles épidémies, notamment liées au réchauffement climatique, sont apparues et nécessitent de mettre en place des mesures d’anticipation et de protection drastiques. Les personnes malades ou en traitement sont désormais signalées par réalité augmentée, ce qui permet d’éviter des contacts potentiellement dangereux.

Jusqu’alors, il était interdit de diffuser des données sur la santé des individus. Les démocraties reposaient sur la protection des données personnelles. Mais les sociétés se sont fixées comme but de lutter contre la maladie le plus efficacement possible. Une nouvelle forme d’activisme dénonce cette idéologie, qui consiste à nier les libertés les plus élémentaires dans le but de promouvoir la santé parfaite. Des partis d’extrême gauche dénoncent la mise en place d’un nouveau fascisme qui impose aux individus la transparence sur leur dossier médical. Ils menacent notamment de s’attaquer au réseau médical ou aux IORA, dans le but d’empêcher la diffusion des données au grand public. Les autorités prennent cette menace au sérieux, car des activistes de ce type ont déjà sévi au Japon, pays précurseur dans la mise en réseau des données médicales. L’an dernier, le système a été partiellement détruit, causant la perte des dossiers de millions de patients, ce qui a généré des difficultés dans la gestion de leur traitement.

La diffusion des données personnelles permettra donc de savoir si les individus rencontrés sont sains ou en traitement. Cette  mesure s’inscrit dans la continuité d’un processus de divulgation des données individuelles qui avait vu en 2050 l’autorisation de la diffusion des casiers judiciaires des individus. Il est depuis cette date possible de connaître les antécédents judiciaires des personnes rencontrées, croisées dans la rue par exemple. A l’origine cette loi devait permettre de lutter contre le terrorisme et de dénoncer la présence de personnes en situation irrégulière. A l’époque, cette loi avait causé des débats animés en raison de son caractère néo-fasciste. Mais la majorité de la population était pour une mesure qui permettait de lutter efficacement contre la délinquance. Aujourd’hui, les données sur la santé des individus sont susceptibles d’être rendues publiques. La lutte contre les nouvelles épidémies est à ce prix.

18 janv. 2016