C’est le cul qui fera partir l’humanité à la conquête de l’espace ! | Nekomix #06 | 01/04/2069

Olivier a été invité par la rédaction de Nekomix (www.nekomix.com) à analyser les scénario des BD du numéro 10 du fanzine. Il en a résulté la production de 9 textes de journalisme prospectiviste, tous illustrés avec talents.

Ces textes essayent de traiter des questions et des njeux autour de la transmission de la connaissance à l’épreuve du temps long, de certaines étapes vers la conquête de l’espace et les voyages dans le système solaire, de la virtualité, des prothèses biomécaniques, l’usages que l’on pourrait faire des déchets que produisent l’humanité, l'(in)évitable concurrence entre humains et IA, notre rapport à la réalité au travers des outils que nous offre la technologie et le choc de la physique quantique…

Bon voyage dans ce cinquième texte et merci à Sam (facebook.com/CINTEROZE.SHOW) pour son merveilleux travail !


L’industrie de la pornographie a toujours été un early adopter des technologies émergentes : le minitel dans les années 1980, l’Internet après les années 2000, les films à voir (vivre) avec masques de réalité virtuelle au tournant des années 20. Puis, ce furent les robots sextoys qui permettaient à chacun, homme ou femme, d’exercer sa libido avec le partenaire sexuel robotique fantasmé… aujourd’hui, alors que le XXIème siècle s’approche de sa fin, on parle d’immersion et de stimulation corticale qui permettent de se glisser dans n’importe quel corps et de vivre n’importe quelle expérience…

Cette maîtrise technologique pourrait cependant trouver d’autres débouchés que la satisfaction de fantasmes pas toujours avouables (le marché noir laisse parfois apparaître des robots sexuels aux apparences infantiles ou animales qui ne laissent guère de doutes sur les travers de certains…). Cette maîtrise technologique pourrait bien venir au secours d’une conquête de l’espace qui n’arrive pas à “décoller” ! Trop chère, trop polluante, pas assez sûre, pas assez rentable… La conquête de l’espace qui s’est alourdie avec la nécessité de l’envoie de personnels humains hors de la géosphère patine… et les trésors promis par l’industrie spatiale tardent à arriver pour aider la Terre à subvenir à ses besoins tant énergétiques qu’en ressources de matières premières ou autres.

La vieille question de la pertinence de la présence humaine dans l’espace se fait de plus en plus criante. Mais, quelle pourrait être l’alternative d’une présence humaine outre-Terre si ce n’est une téléprésence et une assistance robotique ? Et qui mettre, sur Terre, aux commandes des interfaces de pilotage de machines opérant à des millions de kilomètres si ce ne sont les femmes et les hommes qui, grâce à leurs jeux sexuels, ne ressentent que peu, voire pas de gêne à l’action en immersion ? Ces hommes et ces femmes sont des chimistes, des ouvrier ferronniers, des électroniciens, des soudeurs… Tout ce que l’industrie spatiale attend pour devenir productive et rentable. Après, ces early adopters ne sont pas les seuls aptes à piloter des robots, les gamers auront aussi leurs mots à dire quand ce marché de l’emploi va s’ouvrir sous peu !

Ainsi, la conquête de l’espace pourrait trouver un second souffle. Les fusées décollant de la Terre n’emporteraient que du fret… les niveaux de sécurité pourraient être abaissés du fait de l’absence des humains à leurs bord. La construction d’infrastructures spatiales pour une industrie ontre-Terre serait plus rapide et les équipements spatiaux tous tournés vers la production indistrielles : les robots, pilotés ou autonomes (pilotés par des IA), n’ont pas besoin d’atmosphère, pas besoin de s’alimenter et pas besoin de se divertir ou de dormir.

Ne reste qu’une brique à ajouter à ce jeu de Lego qui permettra à l’industrie spatiale de s’étendre au delà de l’orbite terrestre. Il s’agit d’un système de communication instantané qui permettra aux opérateurs humains, sur Terre, de commander en temps réel des machines qui pourraient être sur Mars, dans la ceinture d’astéroïdes ou, bien plus loin encore, sur Titan, en orbite de Saturne. Or, toute communication se déplace à la vitesse de la lumière. Si bien qu’un message à destination de Mars prend jusqu’à vingt minutes pour s’y rendre et autant pour en revenir. Dans le cas de Titan, il faut plus d’une heure à un message pour s’y rendre. Autant dire que toute notion de temps réel disparaît. Et la machine se trouve abandonnée à elle-même. On pourrait développer l’autonomie de son IA, ce que l’éthique contemporaine ne souhaite pas faire. Donc, cul-de-sac ?

Par vraiment… Pas du tout, même ! Un système de communication en temps réel, indépendamment de la distance entre l’émetteur et le récepteur existe. Il est sur le point de sortir des laboratoires. Il s’agit d’un système de communication quantique qui utilise une propriété des plus étonnantes de la matière à l’échelle de l’infiniment petit. Cette propriété s’appelle l’intrication quantique. Elle décrit un état de la matière qui fait que quand deux particules élémentaires ont été intriquées (liées), tout changement d’état de l’une se répercute instantanément sur l’autre et ce indépendamment de la distance qui peut les séparer. Ainsi, pour faire simple, un robot s’éloignant de la Terre, avec son système de communication quantique, resterait instantanément opérationnel, une fois arrivé à destination. De trois à cinq mois pour Mars, deux ou trois ans pour la ceinture d’atéroïdes et une petite dizaine d’année pour Titan, en orbite de Saturne.

On l’avait bien dit : c’est le cul qui fera partir l’humanité à la conquête de l’espace. D’autant qu’une fois les infrastructures seront aptes à recevoir des humains à leurs bords, rien ne séparera les amants séparés par des milliards de kilomètres : ils pourront toujours s’ébattre dans de joyeuses parties de jambes en l’air spatiales et en temps réel !

 


Les autres textes rédigés pour Nekomix :

 


 

1 avr. 2019