LIFE : ORIGINE INCONNUE ou « Quelles conditions à une rencontre du troisième type ? » | Huffington Post | Ce que la SF nous dit sur demain
Deux ou trois choses que « LIFE – ORIGINE INCONNUE », le film de Daniel Espinosa, nous dit sur demain… 

« Dis-moi quel film tu regardes, je te dirai quel avenir tu te prépares », parole de prospectiviste !

Avec

Deux ou trois choses que LIFE – ORIGINE INCONNUE le film de Daniel Espinosa, aurait à nous dire sur demain… « Dis-moi quel film tu regardes, je te dirai quel avenir tu te prépares » pourrait tout aussi bien dire le prospectiviste…

 

 

Réalisation : Daniel Espinosa
Distribution :Jake GyllenhaalRebecca FergusonRyan ReynoldsHiroyuki SanadaAriyon Bakare
Durée : 104 minutes
Sortie : 2017

 

Le film _Life – Origine inconnue_ de Daniel Espinosa pose la question de la procédure à adopter le jour où l’humanité entrera en contact avec une forme de vie inconnue, extraterrestre… Dans cette éventualité, quel meilleur laboratoire de confinement peut-on alors imaginer que la station spatiale internationale, qui orbite à 400 kilomètres au dessus de nos têtes ?

Le décor est posé. L’action, on s’en doute, tournera autour d’un huis clos meurtrier à cause d’un invité d’origine inconnue. Un scénario qui rappelle au spectateur que « dans l’espace, personne ne vous entend crier » !

Cependant, quelques questions demeurent… tout d’abord au sujet de cette forme de vie qui est « réactivée » avec un peu de chaleur, une goutte d’eau et le bon cocktail gazeux. Si cela paraît « trop fastoche », il n’est cependant pas nécessaire d’aller chercher un échantillon martien pour rencontrer une forme de vie avec une résistance similaire à celle de Calvin – _attention : spoiler !_ Calvin est le nom donné par les terriens à la forme de vie martienne. En effet, il existe, sur Terre, ce genre de forme de vie « extrêmophile » : on les nomme tardigrades ou oursons d’eau.

Ces drôles de petites bestioles sont capables de survivre à des températures approchant du zéro absolu (-273° C) ou à d’autres, proches de 150° C, bien au delà du point d’ébullition de l’eau. Elles résistent aussi à de très fort niveaux de radiation, mortels pour toute autre sur forme de vie, des pressions extrêmement fortes — tels qu’on les trouverait au fond d’un hypothétique océan profond de 60 km (600 mégapascal) — ou, à l’inverse, extrêmement faible comme le vide spatial. Mais, surtout, le tardigrade est capable d’hiberner sur de très longues périodes, sachant évacuer jusqu’à 99% de l’eau présente dans ses cellules, la remplaçant par un antigel de sa fabrication, le tréhalose. Des chercheurs ont ainsi réveillé des tardigrades, découverts dans les couches profondes des glaces arctiques, qui étaient gelés depuis des millénaires, dans un état que l’on nomme cryptobiose. En quelques minutes, parfois quelques heures, les oursons d’eau se sont remis à vivre.

Mais, avec le tardigrade, pas de danger pour l’humanité ! Les plus grands d’entre eux ne mesurent que 1,5 millimètres et, bien que l’on trouve des tardigrades dans tous les écosystèmes de la planète, l’humain aura toujours l’avantage de la vitesse : le nom savant des oursons d’eau signifie « marcheur lent »…

Donc Calvin, voyageur interplanétaire et invité indésirable de l’ISS, n’est finalement pas si improbable : les tardigrades semblent capables de survivre à un voyage similaire à celui que Calvin fit depuis la planète rouge… Mais contrairement aux tardigrades, ce dernier se révèle hautement véloce et étonnamment dangereux pour les humains. Un des membre d’équipage dit de Calvin : « Je le hais. Il n’y a pas de méchanceté en lui, mais pour survivre, il doit nous tuer. » La loi du plus fort, du darwinisme de comptoir… qui mettront à rude épreuve les barrières de confinement mises en place à bord de l’ISS, pour le plus grand plaisir du spectateur.

Donc, observer une forme de vie inconnue dans un laboratoire lointain, hors de l’atmosphère terrestre, semble être une idée brillante.

Cependant, dès aujourd’hui et sur Terre, l’humanité pourrait bien se trouver confrontée à des formes de vie inconnues, et cela sans confinement possible. En effet, depuis de nombreuses années, à cause des dérèglements climatiques, les chercheurs constatent un dégel de la toundra, du permafrost et autres pergélisols ces terres qui, au delà des cercles polaires, restent gelées toute au long de l‘année. Avec ce dégel, conséquence du réchauffement climatique, ce sont des agents pathogènes qui, enfermés dans ces sols depuis des siècles, voire des millénaires, se trouvent réactivés…

Ainsi, récemment, à Yamal, une région située au nord est de Moscou, au-delà du cercle polaire, un enfant est mort de l’anthrax et des dizaines d’autres ont été contaminés par le même bacille de la maladie du charbon apporté par leur troupeaux qui paissent dans la toundra. L’agent pathogène venait vraisemblablement d’une carcasse d’un renne mort de cette maladie et conservé dans la glace depuis le début du XXe siècle. Toujours dans cette région, les épidémiologistes s’attendent même au retour de souches de la variole datant de la fin du XIXe siècle. Bien que Yamal soit une péninsule isolée, pour les scientifiques, ces résurgences sont autant de signaux d’alarme dont il faut tenir compte.

Et, le dégel ne cesse de croître. Ce sont désormais des terres et autres milieux toujours plus anciens qui sortent de leur hibernation. Bientôt, ce seront des dépouilles de mammouths qui, libérées de leurs gangues de glaces, de leurs capsules temporelles, pourraient bien, à leurs tours, libérer dans l’environnement des agents pathogènes vieux de près de 30 000 ans, virus ou bacilles auxquels nos systèmes immunitaires n’ont plus été confronté depuis trop longtemps pour être efficaces.

Dans le cas de ces carcasses de mammouths qui dégèlent avec les voyageurs inconnus et peut-être indésirables, on parle de macrovirus. Certains sont déjà étudiés par des équipes de chercheurs russes et françaises. Et, là… pas question de confinement : de la Russie jusqu’au Canada, les terres qui pourraient dégeler au cours des prochaines décennies se comptent en surfaces de dizaines de millions de kilomètres carrés. Au risque épidémiologique, il faut ajouter le risque environnemental, bien que ce dernier ne soit pas au centre de ce propos, avec le danger de voir se produire, dans l’atmosphère, des dégazages massifs de méthane lui aussi stocké dans les terres qui devraient rester gelées…

La seule bonne nouvelle dans la perspective de ce dégel à grande échelle est que plus la forme de vie est de structure complexe, comme les macrovirus trouvés dans les carcasses de mammouth, plus il y a de chance que le gel et le temps aient endommagé cette forme de vie, réduisant le risque épidémiologique pour les formes de vie contemporaines… quoique, avec son étonnante résistance à l’hibernation, le tardigrade — potentiel voyageur interplanétaire — vienne contredire cette apaisante affirmation !

Alors, Life est-il encore un film de science-fiction, un film d’extraterrestre ou bien est-ce une métaphore d’un avenir – épidémiologique – que l’humanité se prépare quand elle refuse de voir et d’entendre les signes d’un danger, les prémices d’une variante des conséquences des dérèglements climatiques qu’elle provoque, prémices collectés et publiés par les chercheurs ? Et, les capsules, qu’elles soient temporelles ou spatiales, de glaces ou d’acier, sont-elles toutes à ouvrir, au risque de faire passer la boîte de Pandore du mythe à la réalité ?

 


 

Toutes ces analyses sont également rassemblées sur le site www.sciencefictiologie.fr, site dédié à la science-fiction qui  éclaire le présent, grâce à la plume, le crayon et l’œil des auteurs !

 


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21 avr. 2017