RETOUR VERS LE FUTUR 2 ou « Quand le futur est rattrapé par le présent ! » | Ce que la SF nous dit sur demain
Deux ou trois choses que « RETOUR VERS LE FUTUR 2 », le film de Robert Zemeckis nous dit sur demain… 

« Dis-moi quel film tu regardes, je te dirai quel avenir tu te prépares », parole de prospectiviste !

Avec


Réalisation :
Robert Zemeckis

Durée : 108 minutes
Sortie : 1989

Le 21 octobre 2015 prochain, la réalité rattrape la fiction. C’est ce jour que Marty McFly et Doc, les héros de la saga Retour vers le futur, visitent notre présent, 30 années dans leur avenir.

En 1997, on avait survécut au Jugement Dernier : Skynet ne s’est pas activé (la saga Terminator). Décembre 2012 n’a pas fêté la fin du monde (2012)… En 2019, on a tous rendez-vous à Los Angeles pour y déguster un bol de nouilles sous un ciel radieux (?) (Blade Runner)… Ces conjonctions de la fiction avec la réalité se produisent… On ne les note pas toutes. Certaines font partie de notre imaginaire au point que la date de compte plus. C’est le cas avec 1984, le film et le roman de George Orwell dont le premier est adapté.  Ce dernier avait nommé son œuvre en inversant les chiffres de dizaines et des unités de l’année durant laquelle, convalescent de la Seconde Guerre Mondiale, il avait écrit son roman : 1948.

Ces conjonctions sont surtout l’occasion de faire le point sur ce que nos prédécesseurs ont imaginé, prévu, anticipé de leur avenir… notre présent ! Alors, que nous raconte l’année 2015 décrite dans le deuxième opus de la série Retour vers le futur ?

On peut déjà noter quelques points pour lesquels, prospectives et scénaristes ne se sont pas trompés. Ces points de convergences entre la fiction et la réalité se situent autour des TIC, les techniques d’information et de communication avec, par exemple, l’omniprésence de l’audiovisuel dans le quotidien des contemporains de l’année 2015 du film ou de notre présent. La scène dans la quelle le fils de Marty se vautre dans le canapé familiale en commandant la diffusion de front de six chaînes n’a rien à envier aux comportements de « nos » adolescents qui jouent, regardent la télé ou YouTube, et chatent tout en même temps et pareillement vautrés !

Et puis, il y a aussi la scène dans la cuisine. Toute la famille est à table, les plus jeunes gardent sur leur nez des lunettes communicantes. Cela non plus ne change guère de comportements que l’on peut trouver chez nos contemporains avec leurs smartphones ou tablettes.

A propos de communication, il est à noter que les réseaux sociaux sont esquissés au cours de la conversation visiophonique que le Marty « looser » a avec un collègue de bureau et son patron : tout au long de la conversation, sont affichées sous le visage de son interlocuteur toutes les préférences des deux personnes avec qui parle Marty. On apprend que Needles, le collègue de Marty, a 47 ans, que sa femme se nomme Lauren Ann, qu’il aime le baseball, la bière, les steaks, les plats tex-mex… De son côté, leur patron, Ito Fugistu, déteste tout ce que ses employés apprécient et se délecte tout particulièrement de la cuisine japonaise et thaï. Étonnant, non ? Année de production du film : 1985. Internet n’existait que pour les scientifiques et les militaires…

Ailleurs, dans la film, on pourra remarquer des consommateurs qui pédalent devant des écrans, dans le « Café 80’s »L au début du film. Comme dans les gares SNCF. Sont-ils, en train de recharger un appareil ? Participent-ils à la fabrication d’une énergie renouvelable ? Font-ils du fitness tout en consommant des aliments ? A chacun de se faire son opinion.

Après les convergences, on ne peut pas ne pas évoquer les objets réels inspirés du film. Ainsi Pepsi vient d’annoncer la sortie de la bouteille que reçoit Marty quand il commande sa boisson, au « Café 80’s ».

A propos de produits dérivés, on peut aussi compter sur Nike qui sort LA chaussure auto-laçante !!!

Par contre, on évitera le hoverboard rose bonbon : la version présentée et habilement  mise en scène ne fonctionne que sur une discrète piste rectiligne. En aucun un cas le hoverboard ne peut en sortir. Dans le film, l’eau manque de peu d’être fatale à Marty. Dans la réalité, c’est n’importe quelle endroit, à part cette piste, qui rend le hoverboard inopérant ! Dans ce cas-ci, il y a encore du travail à fournir pour que la fiction soit effectivement rattrapée par la réalité !

Après les points communs entre notre réalité et la fiction de Retour vers le futur 2, abordons les différences. Ou même les erreurs.

En prospective, il existe un marronnier, une prévision qui revient avec une régularité quasi saisonnière, c’est la voiture volante. Les premières traces de ce fantasme remonte au tournant du XIXe siècle vers le XXe : à cette époque, la ville de XXIe siècle avait été imaginée aérienne avec des voitures particulières et des transports en commun maintenus en l’air par des dirigeables de toutes tailles. La propulsion était aussi bien assurée aussi bien par la force du mollet que celle de la vapeur ! La culture « pulp fiction », avec ses Buck Rogers ou ses Flash Gordon, à continuer d’alimenter cette illusion de la modernité. Et, encore aujourd’hui, on voit régulièrement sortir des cartons d’inventeurs des projets plus ou moins réalistes.

Dans Retour vers le futur 2, là, pas de complexe. Que ce soit grâce à une technique d’aéroglisseur ou même par l’intermédiaire d’une improbable anti-gravité, les voitures volent et la société du film semble avoir réalisé la quadrature du cercle qui rend pourtant impossible la diffusion en masse de la voiture volante. Cette problématique tient en 3 questions : le service rendu par la voiture volante est-il supérieur à l’énergie dépensée pour voler ? En cas de panne, la voiture volante ne peut se garer sur le bord de la route, elle tombe. Quelle solution ? Enfin, sur la route, le conducteur suit une piste en deux dimensions. A-t-on tous les compétences du pilotage en trois dimensions, à haute vitesse et avec les encombrements inhérents à nos villes hyper-urbanisées ?

L’anti-gravitation est présente à d’autres moments du film. Dans le cas du grand-père convalescent, cette à anti-gravitation lui rend sa mobilité. Quelle Energie fourni son autonomie à une simple ceinture… Quand Doc va chercher la Lauren du présent dans sa maison de l’avenir, il croise un robot volant qui promène un chien. On peut s’interroger sur la résistance que peut offrir un tel dispositif à l’enthousiasme excessif d’un toutou… Qui emportera l’autre ? Le seul usage notable de cette anti-gravité est le robot volant journaliste reporteur d’image, un JRI autonome ou piloté comme les drones de nos armées. On le voit « couvrir » l’arrestation du petit fils de Biff Tanen, après qu’il ait saccagé malgré lui l’entrée de l’hôtel de ville de Hill Valley !

Avant d’aborder les erreurs dystopiques et dérangeantes, arrêtons-nous un instant sur quelques utopies et usages nouveaux…

La cuisine de ce futur a sûrement des choses à apprendre à notre présent ! Alors que nos architectes envisagent des immeubles « fermes verticales », les habitants de Retour vers le futur 2 disposent, chez eux, de jardins automatisés qui leur apportent à à volonté fruits et légumes frais. Une idée à prendre, non ?

On pourrait tout aussi bien noter le travail fait sur le langage et plus particulièrement les insultes : clonard, barbituré, lobotome… Ces injures, impliquent-elles que les clones existent et qu’ils sont considérés comme sous classe de l’humanité ? Évoquent-elles l’usage de nouvelles drogues débilitantes ? Insinuent-elles des pratiques outre-médicales qui permettent à des individus de réduire leur intelligence face à une réalité trop complexe ? A moins que, pris dans le flux de notre quotidien, nous ne percevions pas les évolutions de notre langage, en comparaison de celui de 1985…

On passe sur la disparition de la poignée de porte, la domotique nous prépare sûrement ce genre de chose, mais notre monde semble conservateur et resté attaché à cette antiquité ! On passe sur l’anachronisme du fax. Ça permet d’expliquer ce que c’est à des jeunes nés après l’an 2000… On passe sur l’alimentation déshydratée, un autre marronnier de la prospective !

Alors, pour finir évoquons les pires aspects dystopiques succinctement  évoquées dans le film. Dans cette société, les avocats ont disparu, ce qui permet des jugements express, et l’identification par empreintes digitales est automatique. Elle remplace la présentation d’une pièce d’identité. Ceci implique surtout que l’ensemble de la population est systématiquement fichée. Alors, dans ce monde de Retour vers le futur 2, on peut se demander si on est encore en démocratie quand les droits des citoyens ne sont plus défendus pas plus que leur vie privée n’est respectée…

Ces constations comme toutes celles qui précèdent pourraient bien nous inciter à aimer notre monde pour ce qu’il a bien et bon, à remarquer en quoi il est extraordinaire ou en quoi il faut le faire changer, bouger… Ces constations, ces amusements doivent aussi nous inciter à rester attentifs aux choix qui sont à faire ainsi qu’aux dérives à éviter !

 


 

Toutes ces analyses sont également rassemblées sur le site www.sciencefictiologie.fr, site dédié à la science-fiction qui  éclaire le présent, grâce à la plume, le crayon et l’œil des auteurs !

 


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14 oct. 2015